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La logistique verte, état des lieux sur les démarches actuellement entreprises

Publié le 06/10/2022
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La « logistique verte » ou « logistique durable » est un nouveau type de chaîne logistique. Elle prend en compte le caractère écologique afin de minimiser l’impact environnemental de la filière.

Il y a quelques années, les décisions stratégiques étaient établies sur les réductions de coût et la qualité du service. À présent, elles se sont mises « au vert ». Elles se basent notamment sur la réduction des déchets et de la pollution.

Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment pour les entreprises ? Quelles démarches sont actuellement en place et lesquelles sont à venir ?

I.     État des lieux actuel de la logistique verte

1)    Pourquoi les entreprises se mettent au vert ?

Lorsque l’on parle de « logistique verte », on pense souvent, principalement, au transport routier. Or, ce n’est pas que cela. La « logistique verte » concerne l’ensemble de la chaîne logistique : de la conception du produit à sa distribution. On peut donc, face à certaines démarches, se poser la question suivante : « Qu’est-ce qui pousse les sociétés à voir un intérêt si grandissant pour les questions environnementales ? »

La première raison est sûrement celle de la nécessité. Celle de se conformer aux réglementations gouvernementales. Réglementations qui considèrent de plus en plus les problématiques relatives à l’environnement. Suivant la taille des entreprises, cela peut revêtir :

  • L’obligation de réaliser des audits de la consommation énergétique,
  • L’obligation de produire un rapport comportant des informations sur les conséquences sociales, sociétales et environnementales de leurs activités.

Pour la seconde, on pourrait regrouper cela avec l’amélioration de l’image de l’entreprise et l’obtention d’un avantage concurrentiel. En effet, aujourd’hui le « consommer responsable » prend de plus en plus de place dans les habitudes des consommateurs. Et donc a fortiori dans l’industrie. Ce qui pourrait même aller jusqu’à éloigner du marché une entreprise qui ne suivrait pas cette voie.

2)    Qu’il y a-t-il à améliorer ?

Parmi les indicateurs qui alertent, il y a bien évidemment le taux d’émission des gaz à effet de serre. Par exemple, les gaz à effet de serre des transports (routiers, ferroviaire, maritime ou aérien, humains et fret confondus) ont augmenté de 9 % depuis 1990 (source : CITEPA 2020).

On remarque aujourd’hui que la plupart des agences de messageries[1] sont éloignées des grandes villes car le loyer est moins cher et les surfaces y sont plus grandes. En contrepartie, cela augmente la distance à parcourir pour la livraison et donc le bilan carbone. On note aussi que la plupart des livraisons se font maintenant à domicile (et de moins en moins en point relais) et qu’elles se doivent d’être de plus en plus rapides. Or, la réduction du délai de livraison à moins de J+1 (donc le jour de la commande) ne fait qu’aggraver la situation.


En effet, plus les délais sont courts, plus les émissions de CO2 et d’oxyde d’azote (NOx) sont importantes. Le graphique ci-dessous, tiré d’une étude réalisée aux Etats-Unis sur l’année 2020, partage ce lien de causalité :

Comparatif entre la durée de trajet et l’émission de CO2 et d’oxydes d’azote aux États-Unis en 2020

À ces éléments viennent se rajouter également les modes de consommations. En effet, la consommation à distance nous paraît être un point à aborder.

3)    Focus sur le nouveau business des achats en ligne

Le commerce en ligne s’est beaucoup développé ces dernières années, d’autant plus avec la Covid-19. En 2020, 78,3% des internautes français ont fait au moins une fois des achats sur Internet (source : Fevad 2020). Et le e-commerce représentait 13,4% du commerce de détail (source : Fevad 2020).

On a tendance à penser que le commerce en ligne est un moyen de consommer plus « écologique » que de faire ses achats en magasin. En effet, la livraison optimisée au maximum (camion entièrement rempli et trajet bien défini) de 50 colis polluerait moins que 50 consommateurs indépendants allant au magasin effectuer un simple achat avec leur voiture personnelle. Mais le piège est là : en réalité, les camions ne sont pas totalement remplis (seulement entre 75% et 85%), le type de motorisation n’est pas adéquat (plus souvent thermique qu’électrique) et le taux d’absentéisme des clients à la réception est élevé (de 7% à 20%).

Tous ces facteurs finissent par peser lourd dans le bilan environnemental de la logistique du dernier kilomètre des produits du e-commerce. Sans oublier les politiques de retour des biens, qui se font de plus en plus souples, et engendre à nouveau des déplacements souvent peu optimisés. Aujourd’hui, on estime à environ 10% le taux moyen de retour, et pour certaines filières comme le textile, il peut atteindre 30%.

II.   Les solutions

Il faut noter qu’agir sur la livraison et les moyens de transports est une bonne chose, mais cela n’est pas la seule à améliorer.

Si l’on se base sur le cycle de vie d’un produit[3] de consommation courante, il s’avère que l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre libérés est lié aux premières étapes des chaînes de production. C’est-à-dire les étapes de production, de fabrication et de transport jusqu’aux lieux de stockage.

Principaux éléments logistiques sur lesquels des solutions « vertes » peuvent être menées

1)    Le préacheminement

Dès la conception du produit, des efforts peuvent être faits, par exemple :

  • En utilisant une quantité plus faible de matière non recyclable ou dont la production pollue,
  • Ainsi qu’en priorisant des matières upcyclées[2] ou recyclables.

En effet, l’augmentation du taux de recyclabilité des produits permet de réduire l’empreinte environnementale des marchandises.

Vient ensuite la question de l’emballage. Ce dernier peut souvent être réduit. En effet, réduire le vide présent dans les emballages permettrait d’optimiser la place dans les entrepôts ainsi que dans les camions de livraison. Il faut chaque année 61 millions de conteneurs pour transporter la part du vide présent dans les emballages. Ce qui équivaut à environ 122 millions de tonnes de CO2 (source : DS Smith, 2020). L’utilisation d’emballages plus verts, en matières recyclées et en plus faible quantité font aussi partie des solutions prises en compte.

Pour l’entreposage, plusieurs axes d’amélioration sont aujourd’hui envisagés. L’axe principal concerne l’entrepôt en lui-même : avec notamment, la certification de ces derniers selon la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale).

Cette démarche passe en revue différents critères afin de limiter à court et long terme les impacts environnementaux néfastes lors de la construction, la rénovation ou l’exploitation de bâtiments. Ces critères concernent aussi bien la consommation d’énergie des entrepôts, la gestion de l’eau, le traitement des matières dangereuses, que la qualité sanitaire de l’air ou encore les conditions de travail.

Au-delà de l’entrepôt et du bâtiment, d’autres axes d’amélioration sont aussi privilégiés :

  • Comme l’optimisation de la disposition des produits dans l’entrepôt ou l’optimisation des déplacements lors de la préparation des commandes,
  • Ou encore, les pistes du remplacement d’engins à pétrole par des engins électriques, par exemple pour les chariots élévateurs.

2)    Livraison et derniers kilomètres

La distribution et le transport constituent les deux phases où la logistique verte est la plus appliquée. Premièrement car ce sont les deux phases de la chaîne de transport où celle-ci est le plus simple à être mise en place. Mais aussi car ce sont les deux phases où les résultats sont les plus visibles.

En effet, il est possible et facile d’agir sur plusieurs points :

  • Optimiser les tournées de livraison en réduisant les distances parcourues, le nombre de déplacements chez un client et les retours à vide.
  • Utiliser des moyens de transport moins polluants selon les besoins. Pour exemple : l’impact carbone du transport de fret aérien est d’un ordre de grandeur 100 fois plus important que celui du fret maritime – source : base carbone de l’ADEME
  • Avoir recourt au transport combiné. Le développement du transport de fret multimodal combinant la route, le ferroviaire, le fluvial, l’aérien et le maritime. Ce type de solution permet de réduire la consommation énergétique, les émissions de gaz à effet de serre et la congestion des axes routiers.

La formation des chauffeurs à l’écoconduite est aussi une solution.

Pour terminer le cycle de vie produit, la logistique retour, aussi appelée logistique inverse, encore trop peu développée aujourd’hui, permet le recyclage et la réutilisation des produits et matériaux.

3)    Et les achats en ligne ?

Les achats en ligne nous facilitent la vie aujourd’hui. En effet, on peut aisément se faire livrer à domicile n’importe quel bien, qu’il soit produit en France ou à l’autre bout de la planète. Or, comparée aux achats en magasin, la livraison du dernier km peut se montrer bien plus gourmande énergétiquement comme évoqué dans la partie précédente.

Le commerce en ligne étant en plein essor et peu réglementé sur ce point, des initiatives et propositions commencent à émerger comme notamment :

  • L’affichage d’un « score carbone » (à l’image du « Nutri-score » existant aujourd’hui sur les aliments) du produit acheté.
  • La suppression de la notion de « livraison gratuite » et l’instauration d’une facturation différente suivant le délai de livraison. Le but est, ici, de réduire la proportion de livraisons réalisées en moins de 24 heures.
  • L’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Union Européenne, dont le montant dépendrait de l’origine du produit et de la distance parcourue pour l’acheminer.

Conclusion

À la suite de l’évolution des mentalités et aux diverses actions menées par l’État et les associations, on remarque que la plupart des entreprises prennent aujourd’hui « le virage vert ». Que ce soit par réelle conviction ou pour ne pas perdre trop de parts de marché, plusieurs actions sont mises en place à différentes échelles afin de minimiser leur impact écologique.

Malgré encore certains efforts à fournir, notamment au niveau des achats en ligne, nous pouvons noter que la logistique verte commence à rentrer dans les mœurs.

HeadMind Partners Digital possède, à travers le Lab « Numérique Responsable » ou des consultants expérimentés sur ces problématiques transverses, les moyens d’accompagner ses clients. Le but est de prendre les bonnes décisions pour mettre en place une transition vers la logistique verte.  

Article rédigé par Maelys Daviaud, consultante de l’entité Digital chez Headmind Partners

SOURCES

[1] « Logistique verte ». FAQ Logistique. 2009. [consulté le 10/09/21]. Disponible à l’adresse : https://www.faq-logistique.com/Logistique-Verte.htm

[2] « La « chaîne logistique verte », une tendance qui prend de l’avance ». Groupe CGL. [consulté le 30/09/21]. Disponible à l’adresse : https://www.faq-logistique.com/GCL-Logiguide-Vol10Num06-Chaine-Logistique-Verte.htm

[3] « Pour un développement durable du commerce en ligne ». Economie.gouv. 2021. [consulté le 30/09/21]. Disponible à l’adresse : https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2021/Rapport_Devt_durable_commerce_en_ligne.pdf

[4] « La logistique tour d’horizon ». Economie.gouv. 2016. [consulté le 15/10/21]. Disponible à l’adresse : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/logistique%20tour%20d%27horizon.pdf

[5] « Les opérations à l’ère de la logistique durable ». Groupe CGL. 2021. [consulté le 01/12/21]. Disponible à l’adresse : https://www.gclgroup.ca/les-operations-a-lere-de-la-logistique-durable/

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