Fake news : comment démêler le vrai du faux ?
Les réseaux sociaux ont redistribué les cartes de l’univers médiatique, facilitant une désinformation abusive… Nous en sommes témoins aujourd’hui avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Les réseaux sociaux sont inondés de fake news.
Le conflit Russe-Ukraine à l’heure des Fake News
L’idée de cet article n’est pas de prendre parti pour l’un des 2 camps mais bien de dénoncer le détournement d’images, l’usage de « bots » pour relayer massivement des messages de désinformation et ainsi travestir la vérité. Le tout ayant pour objectif d’influencer l’opinion, soit en diabolisant l’adversaire, soit en glorifiant le combat mené contre l’ennemi.
A titre d’exemple, l’armée ukrainienne a vanté les exploits d’un de ses pilotes qui aurait abattu à lui seul et en un jour six avions russes. Pour preuve, une vidéo du prétendu duel aérien… En réalité, cette vidéo est tirée du jeu « Digital Combat Simulator », information confirmée par le studio de production. Le camp pro-russe a quant à lui relayé plusieurs milliers de fois une photo du président Volodymyr Zelensky posant avec un maillot flanqué d’une croix gammée. Une rapide recherche sur les réseaux du président ukrainien permet de retrouver la photo originale (où ne figure aucun symbole nazi) et ainsi de confirmer qu’il s’agit d’un vulgaire photomontage.
Malheureusement, ces exemples ne sont qu’un échantillon des fausses informations qui ont été relayées depuis le début du conflit.
Qu’est-ce que les fake news ?
Littéralement, une fake news est une « fausse nouvelle ». Mais à quoi l’expression fait-elle référence concrètement ? Pour bien comprendre les fake news, il est important de faire la différence entre la désinformation, la mésinformation et la parodie. La seconde est la plus simple à comprendre, puisqu’il s’agit de la propagation non-intentionnelle d’informations fausses ou, autrement dit, d’erreurs journalistiques. La désinformation quant à elle est la création et la diffusion délibérée d’informations fausses dans le but de nuire à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays. Les fake news ou infox en français (contraction d’information et intoxication) rentrent dans cette catégorie. Attention, à bien distinguer la désinformation de la parodie, qui consiste également en la création délibérée de fausses informations mais dont le but est d’être interprété sous le ton de l’humour, à l’instar des publications du célèbre journal satirique « Le Gorafi ».
Les fake news ne sont pas un phénomène nouveau et parmi les divinités du panthéon grec figure la déesse Apaté dont les attributs sont le mensonge et la duperie. Si depuis 2016 il en est autant question, c’est essentiellement dû à Donald Trump lors de sa campagne présidentielle de 2016, qui qualifiait de fake news toute information s’opposant à son discours politique. Plus proche de nous, les élections présidentielles française sont un terreau fertile pour la publication et le relai de désinformation afin de déstabiliser les camps adverses.
Quel mode opératoire est utilisé pour diffuser une fake news et quelles conséquences pour le débat démocratique ?
Aujourd’hui, 73% des Français pensent avoir déjà été confrontés à une fake news, sur Internet ou sur les réseaux sociaux. Parmi eux, près du tiers estime s’être laissé tromper. Au cours des élections présidentielles américaines de 2016, un article prétendant que le pape François soutenait Donald Trump a entraîné plusieurs millions de partages et de réactions. En bref, la désinformation est un phénomène de grande ampleur qui est très susceptible de toucher chacun d’entre nous. Mais qui rédige et relaie ces fake news et dans quel but ?
Statistiquement, les profils les plus susceptibles de véhiculer des fake news sont les personnes âgées, conservatrices et avec une étiquette politique tendant vers les extrêmes. Des chercheurs en sociologie comportementale ont montré que les individus sont capables de distinguer le vrai du faux dans 90% des cas en moyenne lorsque l’information est en conflit avec leur orientation politique, contre 80% dans le cas contraire. Toutefois, quand bien même les individus sont la majorité du temps capable de distinguer le vrai du faux, ils déclarent être plus susceptibles de partager des articles de désinformation. Le phénomène s’explique par le fait que si la fake news était vraie elle serait considérée comme plus intéressante que l’information réelle.
En résumé le sensationnel prime sur la vérité et l’effet est amplifié lorsque l’information concorde avec une orientation politique. Par ailleurs, des études ont montré que lorsqu’un individu ou un journal publie ou relaie une fake news, la confiance placée en eux diminue drastiquement. Inversement, le processus pour revenir au niveau de confiance original est long et demande de partager un grand nombre de vraies informations. Ainsi, les journaux « classiques » n’ont aucun intérêt à publier des fake news et leur relai reste restreint à des cercles de personnes très engagées politiquement.
Pourquoi se protéger des fake news et comment ?
Si la circulation de fake news restent restreinte à des cercles politiques spécifiques et très engagés et qu’en moyenne les individus savent les reconnaître dans plus de 80% des cas, elles restent tout de même un danger pour le fonctionnement fondamental de nos sociétés démocratiques. Un rapide calcul permet de s’en convaincre : même si seulement 10% des personnes exposés à une fake news se laissent tromper, une telle proportion se traduit rapidement en millions de personnes dans des pays comme les Etats-Unis ou la France. Dans le cas d’élections ou de référendum comme les présidentielles américaines de 2016 ou le Brexit où l’issue se joue sur peu, des millions de voix sont justement ce qui peut faire toute la différence.
Le principe de fonctionnement de nos démocraties est que les citoyens disposent des bonnes informations afin de pouvoir effectuer des choix de manière éclairée. C’est pour cette raison que les médias classiques sont soumis à un devoir de déontologie journalistique et que les dictatures dépendent autant de la propagande : l’information que nous recevons a un impact bien concret sur notre perception de la réalité et par conséquent sur nos décisions. En de telles circonstances, il est logique que nous souhaitions pouvoir disposer pour nous-mêmes et nos concitoyens d’outils efficaces pour discerner les fake news.
Pour éviter d’être soi-même victime d’une fake news, il est important de se poser plusieurs questions à la lecture d’un article suspect. Quelle est la source ? Est-elle fiable ? A-t-elle pour vocation d’être neutre ? A-t-elle un intérêt particulier au partage de cette information ? Par ailleurs, il est important de confronter les sources afin de vérifier si l’information est confirmée de manière unanime ou au contraire si elle est démentie.
L’IA comme solution de fact checking
Au sein d’HeadMind nous avons souvent collaboré avec des professionnels dont une grande partie du métier consiste à surveiller quotidiennement l’actualité, à produire des rapports et à prendre des décisions en fonction de leur analyse. Toutefois, dans un contexte où la présence de fake news s’intensifie, le travail de confrontation des sources et de vérification des informations s’alourdit et il devient de plus en plus difficile pour eux d’effectuer leur travail avec efficacité.
Dans de telles circonstances la recherche et le développement de solutions à l’état de l’art est une priorité afin de démasquer les fausses informations. Au sein du Data Lab d’HeadMind Partners AI & Blockchain nous avons depuis 2 ans développé une expertise dans le fact checking. Nos méthodes s’appuient sur des technologies issues du Natural Language Processing afin d’analyser rapidement et automatiquement de grand corpus de textes et confirmer ou infirmer une information donnée.
Notre expérience s’appuie sur un processus de développement long et en constante évolution pour pouvoir toujours être à jour par rapport aux nouvelles technologies utilisées dans la génération de fake news. Nous avons par exemple la possibilité de prendre en compte une note de fiabilité pour chaque source qui sert ensuite à pondérer l’analyse du contenu par notre algorithme de fact checking. Ainsi, l’utilisateur peut spécifier les sources en lesquelles il a un haut degré de confiance ou au contraire, celles auxquelles n’accorder aucun crédit. Ainsi, nous permettons une analyse rapide et précise pour un compte-rendu détaillé grâce à un dashboard interactif, permettant à l’utilisateur de condenser des heures de travail fastidieux en quelques minutes d’exploration automatisée.
Conclusion
La diffusion de fake news est un phénomène qui s’est amplifié au cours des dernières années, entre autres avec la participation de l’IA au travers de bots participant à la diffusion de la désinformation. Toutefois, au sein d’HeadMind Partners, nous pensons que ce que l’IA peut faire, elle peut aussi le défaire et c’est pourquoi nous avons mis notre expertise au développement du Headmind Fact Checker. Une solution clé en main qui permet de rendre aux usagers et aux professionnels la confiance en l’information.
Article rédigé par Aël Quelennec
SOURCES :
https://www.presse-citron.net/ukraine-comment-debusquer-les-fake-news-et-bots-russes/
https://fr.unesco.org/fightfakenews
https://e-enfance.org/informer/fake-news/
https://www.futura-sciences.com/tech/definitions/informatique-fake-news-17092/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Infox#Histoire
https://insight.npaconseil.com/2019/02/07/les-chaines-tv-sinvestissent-contre-les-fake-news/
https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.aau2706
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1461444820969893